En tant que graphiste, j’entends souvent : « 1400€ pour une identité visuelle ? Tu dois bien vivre ! »
Pour beaucoup de personnes, comprendre le coût des prestations graphiques peut sembler déroutant. T’es-tu déjà demandé pourquoi les prix des graphistes peuvent-être si élevés ? Comment sont fixés ces tarifs ? Evidemment tout le monde souhaite qu’une prestation soit rapide, de qualité et peu chère. Mais tous travail mérite salaire. Et même si mon travail est aussi une passion, je l’exerce surtout pour en vivre et pour continuer et exercer sereinement. Derrière le tarif d’un.e graphiste freelance se cache bien plus qu’une simple création visuelle. Il s’agit d’un investissement qui reflète un ensemble de compétences, de recherches et de temps. Parce qu’un logo n’est pas qu’un joli dessin, je t’emmène avec moi pour démystifier ces tarifs et t’expliquer ce qui justifie le prix d’une prestation graphique.
🌿 La Valeur du Travail
On me dit parfois « Je n’imaginais pas que le travail de graphiste comprenait tout ça ! »
Voyons alors ensemble d’abord la valeur du travail, le temps passé sur une création quel que soit sa nature (identité visuelle, illustration, flyer, carte de visite, packaging, etc…).
Recherche et Préparation
Chaque projet débute par une phase de recherche : analyser les tendances, comprendre le marché, la cible, le produit ou service et comparer les concurrents. Cette étape représente environ 20% du temps total.
Création et Tests
Les prototypes et essais sont cruciaux. Bien qu’invisibles pour toi, ils prennent environ 30% du temps de création. Cela inclus entre autres le choix d’un univers le plus adapté à tes valeurs, ta marque, ce que recherche tes clients, les couleurs et typographies appropriées, les illustrations et visuels les plus parlants.
Rendez-vous et Échanges
Ces interactions avec toi sont essentielles pour s’assurer que la vision du projet est bien comprise et respectée. Cette phase inclus souvent un premier échange que j’appelle RDV Découverte. Il s’agit de discuter de tes objectifs, de tes besoins, envies et d’apprendre à te connaître pour te donner un service sur-mesure qui te correspond. On peut également y ajouter les communications continues c’est-à-dire nos échanges par email, téléphone ou visio pour des mises à jour ou simplement t’informer de l’avancée de ton projet. Cela représentent environ 15% du temps total du projet, assurant que ta vision soit bien comprise.
🍃 Le coût d’une vie de freelance
Les charges variables
Être freelance c’est devoir cotiser et prévoir les charges qui sont déjà prévues lorsque l’on est salarié. Selon son statut, un.e freelance en micro-entreprise doit reverser 21,20% de son chiffre d’affaires en cotisations sociales à l’URSSAF. Pour un chiffre d’affaire annuel de 30 000€, cela représente environ 6 400€ (ce sont 23,10% qui augmentent à partir de juillet 2024 pour aller progressivement vers 26%). S’ajoute à cela l’impôt sur le revenu et la cotisation à la formation professionnelle qui représentent environ 5%, soit 1 500€. Et enfin, la CFE, la cotisation foncière des entreprises qui varie selon la zone géographique mais qui est en moyenne à 300€ annuel.
Les charges fixes
A cela s’ajoute les frais professionnels. On y compte les logiciels comme Adobe Creative Suite qui coûte environ 70€ par mois, le matériel (ordinateur, tablette graphique) qui peut représenter un investissement initial de 3 000€, un compte bancaire professionnel et le tout pour s’assurer (mutuelle, prévoyance, responsabilité civile) autour de 900€ par an.
Temps Non-Facturable
Être freelance c’est aussi de la gestion administrative, de la prospection et de la communication qui peuvent prendre jusqu’à 25% du temps total de travail. Ces tâches sont le quotidiens mais n’amènent aucune rémunération contrairement à une personne salariée qui est rémunérée également pendant ses congés.
Ah les vacances ! Ne les oublions pas ! Pendant ses vacances un.e freelance ne gagne pas d’argent. Il faut donc se prévoir une trésorerie pour gérer les départs en vacances, mais également la retraite, les arrêts maladies et les coups durs. Cela peut représenter 15% du CA.
Faisons les calculs
Pour rendre tout cela concret faisons quelques calculs.
Imaginons que Juliette est graphiste freelance.
Pour pouvoir vivre selon le salaire d’un cadre moyen français elle doit se verser un salaire de 3 000€ net.
Juliette travaille 5 jours par semaine, elle ne travaille pas les jours fériés et se prends 25 jours de congés annuels : soit 224 jours par an travaillés.
Cependant, Juliette doit penser au temps de travail hors missions qu’elle ne peut pas facturer. Ce qui signifie que 60% des 224 jours travaillés sont facturables (soit 134 jours).
Le résultat
Pour se verser un revenu de 3000€/mois, Juliette doit ajouter toutes ses charges à son revenus mensuel, soit près de 1 163€
4163€ mensuels multiplié par le nombre de mois = 49 956€ de chiffre d’affaire à réaliser.
Divisés par 134 jours facturés = 372€/jour
Voici le taux journalier de Juliette 🙂
Soit un taux horaire de 53€.
Attention ! Si tu as tout suivi, tu as compris que Juliette doit encore déduire ses charges fixes et variables. Le chiffre d’affaire et le revenu sont différents.
🌼 La Valeur Ajoutée
Conseil et Expertise
L’expérience, les formations d’un.e freelance te garantit des conseils avisés, optimisant ton investissement. Un.e bon graphiste n’offre pas seulement un visuel, mais une stratégie globale pour que ton flyer soit percutant, que ton identité visuelle parle à ta cible. Par ailleurs, il est important de choisir son.sa graphiste en fonction de ta demande. Chaque professionnel.le est spécialisé.e dans un domaine (le numérique, les packagings, l’identité visuelle, l’illustration).
Sur-Mesure
Chaque création est unique, reflétant ton identité et tes valeurs, contrairement aux solutions standardisées. Pour te démarquer de ta concurrence et avoir une offre adaptée, il faut que ton/ta graphiste cerne la personnalité de ta structure, de tes valeurs.
Petit rappel final …
Lors de ta prochaine demande de devis, garde en tête les facteurs suivants :
- Prend en compte le temps non facturable : administratif, prospection, communication …
- Pense aux charges de ton.ta prestataire : cotisations, impôts, frais pro …
- N’oublie pas : qu’il/elle a le droit également à des congés
- Apprend à connaître : la valeur ajoutée du service proposé
Pour conclure
Un.e graphiste ne doit pas fixer ses tarifs selon le budget de son client, mais en fonction de la valeur de son travail et des charges de son entreprise. La durée et la complexité sont les seules paramètres variables.
Alors non, un freelance n’est pas « cher ». Les tarifs d’un.e graphiste reflètent le temps investi, les charges à couvrir et la valeur ajoutée apportée. En comprenant ces aspects, tu pourras évaluer les devis ou fixer tes prix de manière juste. N’oublie pas, investir dans un bon graphiste, c’est investir dans la qualité et l’impact de ta communication.
Alors, prêt à cultiver ton projet de communication ?